Voici quelques notes sur la pratique de l’encaustique, qui fut utilisée par des peintres aussi différents qu’Eugène Delacroix( 1798-1863 ), Victor Brauner( 1903-1966 ), Jasper Johns( 1930- ) ou encore par Philippe Cognée( 1957- ).
j’ai découvert cette technique il y a une quinzaine d’années, grâce aux magnifiques tableaux de Philippe Cognée qui utilise, à sa manière, cette technique magistralement. Je travaillais alors avec de la peinture à l’huile après avoir pratiqué l’acrylique. Aucune de ces deux techniques ne me satisfaisaient pour des raisons trop longues à expliquer ici. J’ ai ensuite découvert le travail de Jasper Johns ( je connaissais ses grands drapeaux, mais j’ignorais avant de les voir qu’ils étaient faits à l’encaustique ).
j’utilise cette technique pour diverses raisons : c’est principalement le fait que la cire conserve la touche du peintre, son geste et son écriture (lire le texte sur la touche) et puis c’est une technique rapide et simple grâce à l’électricité, pas de chimie compliquée comme avec la peinture à l’huile et donc parfaitement adaptée à notre monde de fou.
« Encaustique » : ( du grec enkaiein «faire brûler» ), procédé technique de peinture dans lequel les pigments sont liés dans de la cire fondue . Cette méthode présentait de nombreux avantages, permettant des retouches faciles, une excellente stabilité des couleurs et une grande résistance à l’humidité.
Cette technique picturale, pratiquée par les Égyptiens, les Grecs et les Romains, connut son apogée en Grèce durant la période classique ( Ve siècle av. J.-C. ), et fut utilisée jusqu’à la fin de l’Antiquité. La cire fondue, mêlée aux pigments, était appliquée touche à touche sur la surface à l’aide d’un pinceau ordinaire. Le refroidissement de la cire étant trop rapide pour lier les tons, on reprenait la composition avec une spatule de fer chaud appelée « cautère ». Des exemples de portraits à l’encaustique nous sont parvenus, découverts sur les sarcophages de bois des tombeaux égyptiens de l’époque romaine ( Ier siècle av. J.-C.-IIIe siècle apr. J.-C. ) à Fayoum et sur les fresques de Pompéi.
Cette technique, encore très répandue à l’époque paléochrétienne ( 250-600 ), tomba en désuétude jusqu’à ce qu’au XVIIIe siècle on tentât en Europe de retrouver les procédés anciens. Une querelle divisa alors les théoriciens, et certains encyclopédistes, dont Diderot, y prirent part. Un grand mouvement de décoration des églises au XIXe siècle permit un temps à l’encaustique de retrouver une nouvelle faveur auprès des peintres( vous pouvez voir une peinture d’Eugène Delacroix à l’église St-Sulpice à Paris, « la lutte de Jacob avec l’ange » ) , mais sa difficulté d’application freina sa diffusion. Aujourd’hui, les pigments sont mélangés dans la cire et la palette comme le cautère sont chauffés électriquement.
Personnellement, je n’utilise pas de « cautère » ( spatule chauffante ) et j’applique la cire au pinceau. On peut diluer la cire avec de l’essence de térébenthine afin qu’elle fige moins vite sur le support. ce support doit être rigide car la cire une fois figée manque de souplesse et risque de casser si le support est trop souple. Si l’on désire travailler sur une toile, celle-ci sera préalablement collée ( on utilise le terme « marouflée » ) sur un panneau de bois en général un contre-plaqué fin ( 5mm ) lui-même fixé sur un châssis afin de le rigidifier…
La pratique de l’encaustique ressemble à de la cuisine au sens propre. Il faut des réchauds électriques et des casseroles en quantité… et toutes sortes de récipients pour les pigments, la cire vierge blanchie (en fait on utilise un mélange de pure cire d’abeille blanchie et une proportion variable (+ ou – 10%) de résine dammar, les déchets divers arrachés au tableau en train de se faire, plus quelques instruments contondants pour attaquer cette couche de cire du genre couteaux, vieilles scies et autre spatules diverses etc.. sans oublier des pinceaux solides qui auront à supporter la chaleur de la cire dans son état liquide.